Tokyo, après
Alors c'est comment le Tokyo post-apocalyptique ? Bah euh comme avant., enfin presque. La vie continue. La saison des pluies a presque débuté en cette fin mai. Pour nous un nouveau week end à la montagne, comme si de rien n'était (je raconterais ça plus tard). Puis une semaine au bureau. Puis un mariage. Comme avant.
Dans les détails, ça change : les escalators à l'arrêt dans le métro, les affiches incitant aux économies d'électricité. Au bureau les couloirs ne sont plus éclairés et la clim' n'est plus aussi fraiche que l'année dernière. Tout cela est-il bien utile finalement ? On survit très bien avec quelques lampadaires en moins et quelques pas en plus dans les escaliers.
Le plus grand vide, il est du côté des étrangers. Mon hôtel habituel est vide, ça me permet de profiter de quelques extras. Roppongi est un peu triste. Peu de visiteur étrangers à l'expo Sharaku du Musée National de Tokyo (une grande expo expo à la parisienne qui vaut le coup pourtant. Une part important des estampes sont prêtées par le Musée Guimet)
Les expats se demandent s'ils ne veulent pas écourter leur poste au Japon. Qui croire ? Le gouvernement est-il fiable ? Les commerçants savent-ils d'où vient ce qu'ils vendent ? Et la nourriture dans les écoles ? Au Lycée français une grande partie des éléves désormais scolarisés en France ou à Hong Kong ne sont pas revenus. Les classes sont vides. Et nombres de profs aussi ne sont pas revenus.
Il y a aussi la fracture entre ceux qui sont abandonnés le navire dans la tempête et ceux qui sont restés. Une blessure qui n'est pas prêt de se fermer. Un collêgue japonais, habituellement assez chauvin, oscile entre le "meuh non, vous les français , vous avez vraiment paniqué" tout en reconnaissant que ce qui s'est pâssé était "assez sérieux" et loin d'être terminé.
Ca n'empêche pas de festoyer et de se dire que la vie est normale. A mille lieu d'une socité post-appocalytique qu'on pourrait s'imaginer en regardant les médias occidentaux. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier que Sibuya était comme avant, mais Harajuku l'est, tout comme Ginza ou Ueno.
Certes, un soir devant le verre de Saké qu'on s'était promis de boire une fois le calme revenu, on discute compteur geiger et radioactivité avec les parents de Seiko. Ceux-ci sont desormais en vente à Akhiahabara (le qurtier pour les achats high-tech). Une conversation à peine imaginable il y a encore quelques mois.

